Aucune fille ne devrait être chassée de chez elle une fois par mois quand sa période de règles arrive. Elle ne devrait jamais être considérée comme sale ou obligée de manquer une semaine d'école parce qu'elle n'a pas les moyens d'acheter des protections périodiques.
L'Association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE) représente la voix de 10 millions de filles dans 150 pays. En cette journée de l'hygiène menstruelle (28 mai), l'AMGE veut réduire les obstacles auxquels sont confrontées les filles et les jeunes femmes afin qu'elles puissent vivre avec #nomorelimits.
Ce mois-ci, l'AMGE et l'Unicef ont posé trois questions simples par le biais d’un sondage U-Report, un sondage mondial envoyé aux jeunes par l’intermédiaire des médias sociaux.
Nous voulions savoir si les écoles et les lieux de travail fournissaient des produits et des installations pour aider à gérer les règles. Sur plus de 5360 réponses, 48% des filles ont répondu non.
Cela crée une barrière mensuelle pour les filles et les jeunes femmes et leur indique que leurs besoins de base en soins de santé n'ont pas d'importance.
En tant que Président du Conseil Mondial de l'AMGE, je lance un appel à toutes les écoles et tous les lieux de travail pour fournir des toilettes hygiéniques pour les filles, avec de l'eau courante propre et des stalles privées avec des portes verrouillables pour l’intimité et la dignité.
L'AMGE souhaite que les écoles aident les filles à accéder à leur droit fondamental à l'éducation en fournissant des produits menstruels. Les jeunes femmes ne devraient pas être affectées par la pauvreté quand elles ont leurs règles et obligées de sauter des cours.
Nous avons interrogé les filles sur les attitudes vis-à-vis des règles dans leurs communautés. Plus de 35% ont dit que les filles ne devaient pas nager ou faire du sport pendant leurs règles, 29% ont dit que les filles se sentaient obligées de cacher leurs produits et 24% ont déclaré qu’on ne devait pas discuter des règles devant les hommes. Mais la pire de toutes, 11 pour cent ont dit que les règles étaient un tabou total.
Dans le cadre du sondage, nous avons demandé aux filles quelles changements pourraient, d’après elles, améliorer les attitudes entourant la menstruation. Défier la honte, investir dans des services de santé pour les femmes et fournir des produits hygiéniques représentaient le top trois, à égalité.
La directrice de l'innovation mondiale de l'Unicef, Cynthia McCaffrey, a déclaré que U-Report atteignait cinq millions de jeunes dans 41 pays. “ Sur la plate-forme, quarante pour cent des filles et des jeunes femmes soulignent régulièrement les problèmes et reçoivent des informations sur l'hygiène menstruelle.” Selon elle, “U-Report aide à combler le fossé entre la recherche et la pratique en rassemblant les voix des filles qui veulent vraiment agir et rompre le silence autour de la menstruation.”
La Journée de l'hygiène menstruelle permet également de célébrer le succès des filles et des jeunes femmes qui travaillent pour autonomiser les autres.
Comme l’éclaireuse népalaise Nirmala Shrestha. Elle distribue des fournitures réutilisables et des informations dans le district reculé de Sindhupalchok. La région montagneuse reculée du centre du Népal, adossée à la Chine, et qui a été fortement affectée par les récents séismes du pays.
Selon elle, il existait une mythologie locale qui dictait la façon dont les femmes et les filles étaient traitées pendant leurs règles. "Les filles ne sont pas admises dans la cuisine. Elles ne sont pas autorisées à toucher des fruits ou des plantes." Ne pas avoir le droit d'entrer dans une cuisine signifie que beaucoup ne mangeaient pas correctement. On pouvait même envisager qu'elles dormaient seules, souvent à l'extérieur de leur domicile, jusqu'à ce qu'elles aient fini de saigner.
Elle a signalé que beaucoup d’entre elles, dans les villages ruraux, en particulier les écolières et les femmes pauvres, manquaient de toilettes propres et d'articles sanitaires appropriés.
Pour de nombreuses filles ougandaises, leurs règles arrivent dans une surprise totale, sans aucune connaissance ou fourniture. Il existe aussi une stigmatisation autour du sang menstruel ‘mauvais’, des installations sanitaires médiocres et le fait que beaucoup utilisent des méthodes non hygiéniques pour capturer le sang.
Mais les Guides, impliquées dans un projet appelé YESS-Girls, fournissent des informations et des moyens faciles pour fabriquer des serviettes réutilisables. Jusqu'à présent, elles ont atteint 1860 filles, 200 garçons et 10 enseignants.
Je suis inspirée par le travail incroyable des filles pour améliorer la vie des autres jeunes femmes dans leurs communautés. Mais nous devons faire plus. Toutes les communautés, les écoles et les lieux de travail doivent créer des cultures où la menstruation n'est pas une honte.
Je veux que tous les obstacles au succès des filles soient éliminés pour permettre à toutes les jeunes femmes de réaliser leur plein potentiel et de vivre leur vie avec #nomorelimits.
- Ana Maria Mideros, Présidente du Conseil Mondial de l'AMGE